Texte Philosophique Sur La Rencontre

Sire, sire, déclare Renart, à votre égard je ne moppose en rien à tout ce que vous exigerez. Vous en userez avec moi selon votre bon plaisir. Je me suis rendu à votre convocation, agissez entièrement selon votre volonté. Si javais commis envers vous des crimes tels quils devraient me valoir la mort, je me serais tenu à lécart de vous, je naurais pas mis le nez hors de mon château ; tout au contraire, jaurais attendu que lon engage la guerre contre moi et que lon massiège, car un malheur arrive toujours assez vite. Je me suis présenté devant vous de mon plein gré, tant jai la totale conviction dêtre exempt de tout acte condamnable, et je men remets entièrement à votre sens de la justice. Les solutions apportées au problème des rapports entre physique et mathématiques sont diverses, mais, quelles proviennent de scientifiques ou de philosophes, elles reposent dans leur écrasante majorité, surtout aujourdhui, sur lidée que les mathématiques constituent le langage de la physique. Au texte de Galilée déjà cité, on peut ajouter deux citations : Toutes les lois sont tirées de lexp De son côté, Calvin taxe les papistes de lucianisme : ce terme devient synonyme dathéisme. Les années 1540 voit lintolérance grandir dans les deux camps ; linjure lucianiste se vide de son sens, et chacun la renvoie à son adversaire sans plus se soucier de la justifier. Rabelais et Lucien 2 la rencontre identification : ilelle est tout ce que jaurais voulu être 41. Seul celui qui erre trouve de nouveaux chemins. Proverbe norvégien Cette conception pose plusieurs problèmes. Tout dabord, lorsque nous parlons de ressemblance, il ne semble pas que nous ne fassions autre chose que de répéter lidée même dadéquation : être adéquat, cest ressembler, mais ressembler, cest être adéquat. Aussi lidée de ressemblance demeure-t-elle mystérieuse. Et elle devient encore plus obscure si lon cherche à comprendre de quelle manière un jugement pourrait ressembler à la réalité sur laquelle il porte. Nos propositions sont formées de mots signes ou sons, alors que les réalités que ces mots désignent sont des objets physiques ou psychiques dune autre sorte. Il ny a de toute évidence aucune ressemblance entre les mots et les choses que les mots désignent. On pourrait dire alors comme nous avons eu déjà loccasion de le dire que les propositions traduisent des images qui sont dans notre esprit, et que ce sont ces images qui sont formées fidèlement ou non sur le modèle des réalités extérieures. Ainsi Wittgenstein dit en ce sens : 19Bien que la perspective de Rancière soit quelque peu différente, lhistoricisation est la même. Le formalisme étroit nest pas seulement insuffisant ou réducteur pensons par exemple à la critique de la narratologie formulée par lherméneute Paul Ricoeur dans Temps et récit, il est aussi et surtout un leurre, puisquil prétend analyser à laide doutils anciens une littérature qui a précisément congédié le sens de ces outils. La rupture avec un formalisme strict chez Rancière correspond ainsi à la rupture quil observe entre un régime représentatif 36 des arts et un régime esthétique à la fin du xviii e siècle. Lécriture succède aux Belles-Lettres, lécrivain cesse dêtre pensé sur le mode de lorateur et na plus un public spécifique dans un monde ordonné. Or le changement de statut de lécrivain, de son discours, cette condition nouvelle du texte déterminent une transformation de son usage et de sa composition. Cest dans le régime représentatif que lœuvre dart possède un mode dêtre singulier dont on peut énoncer les fondements et les propriétés 37, comme on dresse, en grammaire, un tableau des propriétés de la langue. Réciproquement, sil est devenu possible, voire nécessaire, dévoquer idées et vérité à propos de la littérature, cest parce quà partir du xix e siècle, nest littérature que ce qui se pense comme un sensible traversé par une Idée. Dans un premier temps de son œuvre, Rancière opposait ainsi poétique et rhétorique : Citation de Saint Augustin dHippone, philosophe et théologien chrétien romain a Expliquez : il ne serait daucun profit de compter les voix, pour suivre lopinion qui a Les rencontres font le charme des voyages. Qui ne connaît cette joie de retrouver soudain, à mille lieues du pays, un Parisien, un camarade de collège, un voisin de campagne? Qui na passé la nuit, les yeux ouverts, dans la petite diligence drelindante des contrées où la vapeur est encore ignorée, à côté dune jeune femme inconnue, entrevue seulement à la lueur de la lanterne, alors quelle montait dans le coupé devant la porte dune blanche maison de petite ville? Et, le matin venu, quand on a lesprit et les oreilles tout engourdis du continu tintement des grelots et du fracas éclatant des vitres, quelle charmante sensation de voir la jolie voisine ébouriffée ouvrir les yeux, examiner son voisin ; et de lui rendre mille légers services, et découter son histoire, quelle conte toujours quand on sy prend bien! Et comme il est exquis aussi, le dépit quon a de la voir descendre devant la barrière dune maison de campagne! On croit saisir dans ses yeux, quand cette amie de deux heures vous dit adieu pour toujours, un commencement démotion, de regret, qui sait.. Et quel bon souvenir on garde, jusque dans la vieillesse, de ces frêles souvenirs de route! Là-bas, là-bas, tout au bout de la France, il est un pays désert, mais désert comme les solitudes américaines, ignoré des voyageurs, inexploré, séparé du monde par toutes une chaîne de montagnes, qui sont elles-mêmes isolées des villes voisines par un grand fleuve, lArgens, sur lequel aucun pont nest jeté. Toute cette contrée montueuse est connue sous le nom de massif des Maures. Sa vraie capitale est Saint-Tropez, plantée à lextrémité de cette terre perdue, au bord du golfe de Grimaud, le plus beau des côtes de France. A peine quelques villages semés de place en place dans toute cette région que la voie de fer évite par un énorme circuit. Deux routes seulement y pénètrent, saventurent par ces vallées sans un toit, par ces grandes forêts de pins où pullulent, dit-on, les sangliers. Il faut franchir ces torrents à gué, et on peut marcher des jours entiers dans les ravins et sur les cimes sans apercevoir une masure, un homme ou une bête ; mais on y foule des fleurs sauvages superbes comme celles des jardins. Et cest là que je rencontrai la plus singulière et la plus sinistre voyageuse quil mait été donné de voir. Je lavais aperçue dabord sur le pont du petit bâtiment qui va de Saint-Raphaël à Saint-Tropez. Vieille de soixante-dix ans au moins, grande, sèche, anguleuse, avec des cheveux blancs en tire-bouchon sur ses tempes, suivant la mode antique ; vêtue comme une Anglaise errante, dune façon maladroite et drôle ; elle se tenait debout à lavant du vapeur, loeil fixé sur la côte boisée et sinueuse qui se déroulait à notre droite. Le bâtiment tanguait ; les vagues, brisées contre son flanc, jetaient des panaches décume sur le pont ; mais la vieille femme ne se préoccupait pas plus des brusques oscillations du navire que des fusées deau salée qui lui sautaient au visage. Elle demeurait immobile, occupée seulement du paysage. Dès que le bateau fut au port, elle descendit, ayant pour tout bagage une simple valise quelle portait elle-même. Après une mauvaise nuit dans lauberge du lieu, intitulée pompeusement Grand Hôtel Continental, un bruit de trompette me fit courir à ma fenêtre, et je vis détaler au trot de cinq rosses la diligence de Hyères, qui portait sur son impériale la maigre et sévère voyageuse du paquebot. Une heure plus tard, je suivais à pied les bords du golfe magnifique pour aller visiter Grimaud. La route longe la mer, et de lautre côté de leau on aperçoit une ligne onduleuse de hautes montagnes vêtues de forêts de sapins. Les arbres descendent jusquau flot, qui mouille une longue plage de sable pâle. Puis jentrais dans les prairies, je traversai des torrents, je vis fuir de grandes couleuvres, et je gravis un petit mont, loeil fixé sur les ruines escarpées dun ancien château qui se dresse sur cette hauteur, dominant les maisons blotties à son pied. Cest ici le vieux pays des Maures. On retrouve leurs antiques demeures, leurs arcades, leur architecture orientale. Voici encore des constructions gothiques et italiennes le long des rues rapides comme des sentiers de montagne, et sablées de gros cailloux tranchants. Voici presque un champ daloës fleuris. Les plantes monstrueuses poussent vers le ciel leur gerbe colossale épanouie à peine deux fois par siècle et qui, selon les poètes, ces farceurs, éclosent en des coups de tonnerre. Voici, hautes comme des arbres, des végétations étranges, hérissées, pareilles à des serpents, et des palmiers séculaires. Et jentre dans lenceinte du vaste château, semblable à un chaos de rocs éboulés. Tout à coup, sous mes pieds, souvre un étroit escalier qui senfonce sous terre ; jy descends et je pénètre bientôt dans une espèce de citerne, dans un lieu sombre et voûté, avec de leau claire et glacée, là-bas, au fond, dans un creux du sol. Mais quelquun se dresse, recule devant moi, et, dans les demi-ténèbres de ce puits, je reconnais la grande femme aperçue la veille et le matin. Puis quelque chose de blanc semble passer sur sa face, et jentends comme un sanglot. Elle pleurait, là, toute seule. Et soudain elle me parla, honteuse davoir été surprise. Oui, Monsieur, je pleure.. Cela ne marrive pas souvent ; cest peut-être ce trou qui me fait cela. Fort ému, je la voulus consoler, avec des mots vagues, des banalités quelconques. Nessayez pas, dit-elle ; il ny a plus rien à faire pour moi : je suis comme un chien perdu. Et elle me conta son histoire, brusquement, comme pour jeter à quelquun lécho de son malheur. Jai été heureuse, Monsieur, et jai, très loin dici, une maison ; mais je ny veux plus retourner, tant cela me déchire le coeur. Et jai un fils ; il est aux Indes. Si je le voyais, je ne le reconnaîtrais pas. Je lai à peine vu, dans toute ma vie ; à peine assez pour me souvenir de sa figure, pas vingt fois depuis son âge de six ans. A six ans, on me le prit ; on le mit en pension. Il ne fut plus à moi. Il venait deux fois lan ; et, chaque fois, je métonnais des changements de sa personne, de le retrouver plus grand sans lavoir vu grandir. On ma volé son enfance et toutes ces joies de voir croître ces petits êtres sortis de nous. A chacune de ses visites, son corps, son regard, ses mouvements, sa voix, son rire nétaient plus les mêmes, nétaient plus les miens. Une année il eut de la barbe, je fus stupéfaite et triste. Josais à peine lembrasser. Était-ce mon fils, mon petit blondin frisé dautrefois, mon cher, cher enfant que javais bercé sur mes genoux, ce grand garçon brun qui mappelait gravement ma mère et qui ne semblait maimer que par devoir? Mon mari mourut ; puis ce fut le tour de mes parents ; puis je perdis mes deux soeurs. Quand la mort entre dans une famille, on dirait quelle se dépêche de faire le plus de besogne possible, pour navoir pas à y revenir de longtemps. Je restai seule. Mon grand fils faisait son droit à Paris. Jespérais vivre et mourir près de lui : je partis pour demeurer ensemble. Mais il avait des habitudes de jeune homme : je le gênais. Je revins chez moi. Puis il se maria. Je me crus sauvée. Ma belle-fille me prit en haine. Je me retrouvai seule encore une fois. Or, comme les beaux-parents de mon fils habitaient les Indes, et comme sa femme fait de lui ce quelle veut, ils lont tous décidé à sen aller là-bas, chez eux. Ils lont, ils lont pour eux : ils me lont encore volé. Il mécrit tous les deux mois ; il est venu me voir il y a maintenant huit ans ; il avait la figure ridée et des cheveux tout blancs. Était-ce possible? ce vieil homme, mon fils? Mon petit enfant dautrefois? Sans doute je ne le reverrai plus. Et je voyage toute lannée. Je vais à droite, à gauche, comme vous voyez, sans personne avec moi. Je suis comme un chien perdu. Adieu, Monsieur, ne restez pas près de moi, ça me fait mal de vous avoir dit tout cela. Et comme je redescendais la colline, métant retourné, japerçus la vieille femme debout sur une muraille croulante, regardant le golfe, la grande mer au loin, les montagnes sombres et la longue vallée. Et le vent agitait comme un drapeau le bas de sa robe et le petit châle étrange quelle portait sur ses maigres épaules. On peut faire beaucoup avec la haine, mais encore plus avec lamour Rancière détaille les aspects de cette dualité de la littérature est plus largement de lesthétique dans le texte quil a consacré à lesthétique de Deleuze : on peut être sensible à limmanence du logos dans le pathos la pensée se laisse lire dans le sensible, ou à limmanence du pathos au logos lœuvre manifeste le sans-fond, le vide, lindifférencié de la vie sans individualité Jacques Rancière, Existe-t-il une esthétique deleuzienne?, art. Cit, p 533-534. On peut, par une action déclat, captiver tout à coup la faveur dun peuple ; mais, pour gagner lamour et le respect de la population qui vous entoure, il faut une longue succession de petits services rendus, de bons offices obscurs, une habitude constante de bienveillance et une réputation bien établie de désintéressement. La prédiction de lavenir se fait-elle selon le même mécanisme? Les événements qui ne sont pas encore, sont-ils représentés à lavance dans notre esprit par des images déjà existantes? Javoue que je lignore. Mais ce que je sais, cest que dhabitude nous préméditons nos actions futures, que cette préméditation appartient au présent, tandis que laction préméditée nest pas encore, étant future. Lorsque nous laurons entreprise, et que nous nous serons mis à réaliser ce que nous avions prémédité, alors laction existera, puisquelle sera à ce moment non plus future, mais présente. Les jugements moraux ne sont pas non plus des jugements portant sur des faits. Nous voyons bien quil y a un ensemble dactions que nous pouvons qualifier de généreux, daltruistes, etc. ; mais la qualité attribuée la générosité, laltruisme, etc. Nest pas un fait extérieur observable. Il ne peut donc y avoir adéquation ou correspondance entre un jugement moral et une réalité empirique. Eh bien! donc je marchais tout seul, à leur rencontre… texte philosophique sur la rencontre texte philosophique sur la rencontre Comment Bergerac parvient-il à faire de la Lune un astre éminemment mystérieux et non étiquetable, ni utopie, ni dystopie? S.-Quels sont donc ceux qui se trompent? Je ne pense pas que ce soient ceux qui savent? Analyser un rapport de force inattendu entre les deux hommes G. Deleuze, Différence et répétition, Paris, PUF, coll. Épiméthée, 2011 12e éd, p 176. texte philosophique sur la rencontre plus délicat est de faire celui dautrui. Jean de La Bruyère, Les.